La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

mardi 24 janvier 2017

B.a.-ba relationnel

Donner et recevoir,
étranges verbes,
si peu civilisés,
ne s’inscrivant pas dans la « croissance ».

Actes abstraits,
pourtant verbalisés en permanence :
« donnez de votre temps, votre sang, vos organes,
donnez aux associations et ONG, faites du bénévolat, etc. »
On nous recommande plus souvent de « donnez »
que de « recevez », remarque-je.

Donner et recevoir n’est pas une question de volonté mentale,
ce n’est ni une question de devoirs et obligations,
ni une affaire morale, ni de bienséance.

Donner et recevoir sont les constituantes de la relation,
on pourrait dire que ce sont ses composantes principales,
ses coeurs, artères et veines...

Une relation,
un courant entre toi et moi,
flux et reflux, donner et recevoir.

Au quotidien, nous ne savons plus donner,
tout au plus nous prêtons ou allouons du « tout emballé »,
sous certaines conditions et avec intérêts en retour.

Nous ne savons plus recevoir,
mais nous prenons, par la force et/ou la ruse.

Peu importe le moyen, seul le résultat compte, avoir pris.
Posséder.
Prendre est devenu un sport, un challenge,
considéré comme réussite et intelligence !

Possédés nous sommes,
par nos possessions.

Nous sommes tant égocentriques et préoccupés,
que donner apparaît, aujourd’hui, tel un acte débile,
ou dissimulant un subterfuge, une attente, une mauvaise intention.
Donner suscite la méfiance (de la personne à qui s’adresse le don).

Trop bon, trop con.

Être en relation, communiquer, consiste à donner
(de soi, de ses sentiments et pensées, de son attention, etc.)
et à recevoir (de l’autre, ses sentiments et pensées, son attention, etc.)
Mais nous ne savons plus communiquer,
nous nous racontons, nous plaignons, nous vantons,
nous promettons avec des mots que nos comportements réfutent,
défendons des idées, points de vue politiques, croyances…,
au lieu de nous intéresser à la particularité de l’autre,
à ce qu’il exprime par toute sa personne.
On parle pour parler, pour combler les vides,
pour fuir les sentiments de vanité et d’ennui.
Ensemble, chacun de monologuer, en s’écoutant parler.

Nous sommes tant vaniteux, présomptueux,
que nous ne parvenons même pas à recevoir un don généreux, désintéressé, gratuit,
car nous n’y sommes pas disposés, ni ouverts ni réceptifs ni en capacité de.
De recevoir nous fait croire que nous sommes redevables,
Dieu nous en garde !

Tout doit être calculé, pensé, agendé, puis classé.
Par exemple : on donne à Noël,
et on reçoit aussi, sans se plaindre, en souriant.
On écrit et fait un cadeau à ceux qu’on sait qu’ils vont écrire et faire un cadeau.
On est indifférent aux malheureux sur les trottoirs,
mais une fois l’an on donne à une œuvre ou mieux, au TVtéléthonshow.



Info : les dons sont déductibles des impôts !
Vite, je donne.

Pub : avec nos stylos Sunloser remplir des chèques devient un plaisir
et votre signature, une œuvre d’art qui fera des envieux.




D’où, de quoi nous vient cette difficulté à mettre en commun ?

Il est difficile de donner pour donner,
sans attente de retour ni espoir ni autre.
Comme il est difficile, de façon générale,
de se défaire, de laisser, de décrocher…
Donner implique de laisser partir,
c’est-à-dire de laisser mourir,
pour que le don bénéficie à l’autre.

Mais plus difficile encore que de donner
est l’acte de recevoir,
sans se sentir aussitôt obligé.

Obligé de … ?

Rendre ?

Être gentil ?

Mériter ce qui a été donné ?

Devoir donner de soi en retour ?

Vivre ensemble sans donner et recevoir,
c’est comme … uniquement pour l’argent … ne pas se sentir seul …

Té, bé, c’est comme vivre comme nous vivons :
chacun enfermé, en famille, mais tous ensemble sur Internet,
à consulter des spécialistes en tous domaines, pour faire comme y disent.

Donner et recevoir, à méditer, en des lieux comme :
dans des centres d’élevage intensif de poules et vaches,
dans des abattoirs de porcs,
dans des laboratoires pharmaceutiques,
sur des plateformes pétrolières,
à la Maison Blanche,
en chacun de nous.

___________________________________

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire