La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

mardi 13 juin 2017

Les déconnectés imposent (IV)

Les rencontres entre Julie et Ishmael se poursuivent.
Ce dernier a raconté une autre histoire à Julie. Des extraits apparaissent
dans la publication précédente « compétition et conflits, les tricheurs ».

Voici ce qu’il lui explique ensuite :
(…) La stratégie compétitive suivie par les peuples tribaux
tels que nous les connaissons aujourd’hui est, grosso modo,
celle des attaques-surprises (…)
"Rendez coup pour coup, mais ne soyez pas trop prévisibles,
ménagez quelques surprises à l’adversaire."
Chaque tribu est sur le qui-vive,
en état de guerre permanent avec ses voisins,
mais à un très faible niveau.
 
Quand Ceux-qui-prennent rencontrent ces peuples tribaux,
ils ne cherchent pas à savoir pourquoi ils sont ainsi
ni si ce mode d’existence convient à ce cadre-là et vaut pour eux.
Ils se contentent d’affirmer : "Ce n’est pas une bonne façon de vivre
et nous ne la tolérons pas. » (…)
Ils se prennent pour des experts,
les seuls à savoir comment les humains doivent vivre.

Il m’est arrivé d’écrire que nous sommes déconnectés.
Sur l'autre plateforme, il m'arrivait d'écrire des "vivant-morts".
Peut-être que l'extrait suivant vous aidera à comprendre
ce que je veux dire par « être déconnecté » :
(…) (les) peuples tribaux (…) ne cherchent pas dans les cieux quelqu’un
qui leur dise comment il faut vivre. Ils n’ont pas besoin d’anges
ni d’extraterrestres pour éclairer leur lanterne. Ils savent vivre.
Leurs lois et leurs coutumes leur fournissent un guide amplement suffisant.
Je ne veux pas dire par là que les Pygmées Akoa d’Afrique,
les insulaires Ninivaks d’Alaska ou les Bindibus d’Australie croient savoir
comment « tous » les êtres humains doivent vivre. Rien de ce genre !
Tout ce qu’ils savent, c’est que leur mode de vie leur convient parfaitement.
L’idée qu’il puisse exister un mode de vie unique valant pour tous
leur semblerait totalement ridicule
.
- D’accord, mais où cela nous mène-t-il ? (demande Julie)
- (…) Nous essayons de trouver pourquoi ceux de ta culture sont différents
de ces peuples tribaux qui cherchent en eux-mêmes cette sagesse.
Pourquoi elle leur échappe, pourquoi il leur faut faire appel à des êtres surnaturels,
dieux, anges, prophètes, Martiens ou esprits défunts afin de la trouver.
-Bon, d’accord.
- (…) dès que des anthropologues rencontrent des peuples tribaux,
ils tombent sur des gens qui ne montrent aucun signe de mécontentement,
qui ne se plaignent pas d’être malheureux ou maltraités,
qui ne sont pas remplis de rage ou perpétuellement en proie à la dépression,
à l’angoisse, à l’aliénation.
Ceux qui considèrent que j’idéalise ne comprennent pas que chaque culture tribale
(Ceux-qui-laissent) encore existante a subsisté pendant des milliers d’années,
et cela parce que ses membres s’en satisfaisaient.
Il se peut que des sociétés tribales aient adopté des coutumes intolérables
pour leurs membres, mais si c’est le cas, ces sociétés ont disparu
pour la simple raison que les gens n’étaient pas contraints de les supporter.
Il n’y a qu’une façon de forcer les gens à accepter un mode de vie intolérable.
- Oui. Il suffit de mettre la nourriture sous clef.


Commentaire : j’entends par « être déconnecté » : ne pas s’écouter,
et agir à l’encontre de soi-même* et de son intérêt**.
Nous nous efforçons d’exister à l’encontre de la Nature,
et de notre propre nature humaine, qu’on nous incite à mépriser.




Qu’est-ce qui permet de rester connecté à la Nature ?

Notre perception animale : nos sens, notre instinct et nos émotions.
S’écouter : écouter les signaux et autres manifestations du corps,
écouter le ressenti.

Notre perception du monde est devenue mentale, soit :
nous regardons le monde comme on nous a appris à le considérer,
telle une équation. Nous évoluons dans une bulle d’abstraction.
Nous ne sentons plus le monde,
nous le calculons en tentant de tout contrôler,
et rentabiliser.

Qu’est-ce qui nous a déconnectés, depuis environ deux mille ans (en France) ?
Notamment de devoir danser plusieurs heures par jour,
de manger et boire excessivement avec le gain de notre danse,
et d’avoir besoin de compenser la privation de liberté par des distractions…

Plus le temps de s’écouter.
Danser. Obéir. Danser. Se distraire. Danser...

"Ils" veulent notre bien-formaté, les "gentils".

Le mode de vie sédentaire de danseurs à plein temps
a changé notre rapport au monde environnant :
par exemple, on nous a dit de manger trois fois par jour,
dont au moins une fois de la viande, et de boire du lait…

À force de danser, nous avons oublié que nous pouvions vivre simplement
et librement, en cueillant, chassant, et en pratiquant un peu d’agriculture (si souhaité)…

Si vous saisissez : vivre librement n’était pas un concept,
liberté n’était pas qu’une notion, pour Ceux-qui-laissent.
Ces derniers n’avaient aucun besoin de discourir à ce sujet,
car ils étaient la liberté, ils l’incarnaient, la vivaient, l’éprouvaient ;
et ce, en harmonie avec les autres formes de vie, humaines, animales,
végétales, et même minérales.

* * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *

À suivre (l’étude de My Ishmael, de D. Quinn)…

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Liens
* De la violence
** Intérêt et relations

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10 commentaires:

  1. À force de travailler , nous avons oublié que nous pouvions vivre simplement
    Travailler plusieurs heures par jour, pour manger et boire excessivement avec le gain de notre travail...
    et d’avoir besoin de compenser la privation de liberté par des distractions… Tiens donc désolé je ne fais que répéter .... mais c'est ce que j'ai eu envie de faire là à l'intant que je ne dansais pas .....
    ........ Alors que l'on était la liberté, l’incarnait, la vivait, l’éprouvait
    et ce, en harmonie avec les autres formes de vie, humaines, animales,
    végétales, et même minérales.Plus le temps de s’écouter.
    Travailler. Obéir. Travailler. Se distraire si tu as assez travaillé bien entendu sinon tu peux juste manger te loger te déplacer . Travailler encore ...

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    1. "Travailler" ? J'connais pas ce terme. C'est une distraction ?
      :o
      Tout est parfaitement pensé, Saby.
      Et si t'as pas bcp pour les distractions, y a quand même la TV et le Net.
      T'es exigente comme meuf !
      :))

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    2. Exigente ? Oh piiiiinaise non ... je m adapte et je ne faisais juste qu écrire quelques mots en plus ... lol ...

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    3. ça me rappelle, j'étais gamin, - 10 ans, à la TV y avait les Shadocks.
      Ni ils travaillaient, ni ils dansaient, non, ils pompaient...
      :)) (Tiens, j'vais aller voir si j'en trouve sur youentube)

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    4. Ah les shadocks !!!! 😊toute une époque

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  2. Oui, on râle tout le temps, on n'est pas heureux, on voudrait toujours plus, plus, plus alors que pour être heureux il faudrait moins, moins et encore moins ! moi, je suis heureuse quand je me promène dan la forêt, c'est gratuit, je suis libre, je ne sais pas combien de temps je vais y rester, tout ce que je sais c'est qu'à ce moment là, rien ne peux m'empêcher d'être heureuse, confiante, ravie ... :D

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    1. Oh comme je te comprend et c est bon de connaître des gens comme toi . Des petits riens des petits bonheurs qui rendent heureux et qui valent toutes les distractions à fric

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    2. Eh oui, Virevolte : "il faudrait moins..."
      Le "bonheur" (à chacun de mettre le mot qui lui convient) se vit dans la simplicité (je l'ai expérimenté à plusieurs reprises durant mon existence) et de se trouver dans la nature y contribue grandement.
      Les forêts du Nord me manquent...

      Saby aussi a compris : "des petits riens, ..., qui rendent heureux..."

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  3. Eric,
    Passionnant et toujours autant questionnant tes articles.
    Connecté comme on peut, à qui on peut.
    Enfin je te suis de près, je suis connecté !
    Thierry

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    1. :)
      ciao l'éveil-heure (heure de se sentir "secoué comme un arbre")

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