La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

jeudi 31 août 2017

Angoisse au scalpel

Ressentir de l’angoisse,
de quelle nature ?

Sous quelle forme – manifestations, symptômes ?

Angoisse périodique ou constante (avec des hauts et des bas) ?

Angoisse, avec cause(s) ou sans cause conscientisée ?

L’angoisse provoquée par une nouveauté, un projet se concrétisant, tels que
déménagement, changement de situation familiale ou professionnelle, etc.,
cette angoisse est normale, bienvenue même, dans le sens que
l’entièreté de notre personne sent le changement et s’y prépare :
et le corps de résister, se raccrochant à ses habitudes rassurantes,
et l’émotion oscillant de plus en plus vers la peur,
une peur légitime face à l’inconnu qui se profile.
Un changement implique des choses à laisser et à se délier (affectivement)
ce qui implique de traverser des états de deuil.
C’est à l’esprit de tempérer dans ce genre de situation,
et de relativiser, en contenant les diverses craintes,
et en se maintenant dans la foi (en sa décision,
en la suite des événements, en ses facultés et capacités à faire face à l’inconnu).
Inutile de préciser que, dans un premier temps,
il s’agit d’être sûr de sa décision de changement,
car il se pourrait que l’angoisse ressentie exprime un danger,
une erreur, le fait d’avoir fait un mauvais choix ou autres ;
dans cette configuration, l’angoisse indique que le changement n’est pas favorable,
ou que c’est prématuré, insuffisamment préparé, pas le moment opportun, etc.

Un autre exemple :
face à la mort, et même à la seule idée de la mort,
on ressent de l’angoisse. Cette angoisse-là est normale,
puisque c’est la Grande Porte vers l’Inconnu…


Quand on ressent de l’angoisse, il est utile de récapituler :
est-ce une angoisse profonde dont la source remonte à loin,
à l’enfance, à l’adolescence ou plus tard (quand précisément) ?

La première étape pour se prendre en charge consiste à déterminer
s’il y a un "objet", une ou des causes, au sentiment d’angoisse,
et si l’objet de l’angoisse semble normal ou disproportionné ;
ou alors, on ne reconnaît pas de cause à l’angoisse,
ce qui est plus embêtant.

L’angoisse à la cause non définie provient, en général, le plus souvent,
d’une difficulté ou d’un problème profond, d’une difficulté existentielle.
Ou alors, est-ce une angoisse sensible, perceptive ou intuitive,
au sujet de l’évolution d’événements en cours ou en préparation ?


Angoisse,
non-acceptation de quelque chose qui arrive,
ou de sa situation globale,
ou de la marche du monde.

Ne pas parvenir à s’inscrire dans la marche des progrès rapides
peut se révéler source d’angoisses.

L’angoisse provient donc, parfois, d’un refus de ce qui arrive :
par exemple, lors d’une séparation l’un des deux ne l’accepte pas,
ou l’un des deux n’envisage pas un futur sans l’autre,
ou l’un craint de rester une période sans conjoint, etc.


L’angoisse est générée, également, souvent, par nos idées et idéaux.
Un idéal trop élevé, inaccessible ou inadapté à notre nature profonde,
devient source d’insatisfactions, jusqu’à éveiller le sentiment d’angoisse,
notamment de ne pas pouvoir parvenir à l’idéal entretenu au sujet de l’existence
ou de ce que l’on aurait voulu devenir dans cette existence,
ou concernant les relations sociales, sexuelles, amicales ou familiales, etc.

Angoisse,
distorsion entre l’idée que je me fais du monde
et les événements tendant à contredire cette vision idéelle.

Observez par vous-mêmes : l’angoisse provient très souvent des idées que l’on entretient sur
(sur le monde, sur soi, l’autre, la religion, la politique, l'ordre, les devoirs, etc.)
Les personnes excessivement cérébrales et intellectuelles ont tendance
à rester à distance du quotidien terre-à-terre et des rapports spontanés ;
or elles sont souvent anxieuses ou/et insomniaques, nerveuses,
soucieuses, insatisfaites, déprimées ou exaltées.

Angoisse,
écart blessé, à vif, entre l’élan de vie désirant et un vécu limitant,
entre ce que l’on se sent confusément être au fond de soi et l’existence sociale.

Angoisse,
distorsion entre ce que je perçois du fond de moi
et ce que je parviens à incarner, exprimer, expérimenter, au quotidien.


En résumé,
- l’angoisse signale, le plus souvent, un besoin de changement :
soit bénin (la répétition d’une goutte d’eau finit par user le plus dur des rocs),
soit un changement important, comme transformer un aspect de sa personnalité,
ou le besoin de lâcher-prise vraiment, complètement,
ou comme vu, la nécessité de changer de lieu de vie, etc.
- Ou sinon,
l’angoisse avertit de quelque chose qui se passe (en cours ou en préparation).
En ce cas, l’angoisse agit comme un signal d’avertissement,
dont il vaut mieux chercher l’objet et/ou comprendre la nature.
Dans cette situation, l’angoisse invite à conscientiser,
c’est-à-dire à se renseigner, investiguer, rechercher…
Ce type d’angoisse nécessite une mise en lumière (d’une situation ou d’une relation, etc.)
- Et enfin,
l’angoisse peut provenir du passé, d’un traumatisme par exemple,
ou d’une situation incomprise ou mal digérée, intégrée, conscientisée.


Dans tous les cas, contre l’angoisse, un remède efficace (de mon expérience) :
se détendre, se relaxer, en se rappelant et en se répétant,
que l’on est, somme toute, que poussière de poussières,
que notre existence est autant éphémère que l’angoisse éprouvée.

Remarque : nier n’est pas le déni.
Le déni est malsain.
Dans ce propos, dénier l’angoisse n’arrange pas les choses ;
au contraire, le déni peut exacerber cet état désagréable, dans l’ombre.
L’angoisse, il s’agit de l’embrasser, de la comprendre, de l’accepter,
ce qui permet de la traverser et de la laisser derrière soi,
sans la mépriser ni la craindre.
L'angoisse est un symptôme qui exprime quelque chose.
S'écouter.
Afin de contrecarrer l’angoisse, on peut nier le superflu, le vain,
jusqu’à son propre sentiment d’importance.
Une personne ne se prétendant pas importante, sans orgueil,
et ne restant attachée (affectivement) qu’à l’essentiel,
ne laisse pas ou très peu de prises à l’angoisse…

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4 commentaires:

  1. Ton article arrive à point nommé, j'ai une satanée grosse angoisse depuis ce que je viens d'apprendre cet après-midi, j'explique tout sur mon blog, j'avais besoin de lâcher un peu prise. Alors, je vais essayer d'appliquer ta méthode : " se détendre, se relaxer, en se rappelant et en se répétant, que l’on est, somme toute, que poussière de poussières, que notre existence est autant éphémère que l’angoisse éprouvée."
    Sachant que j'ai un mal fou à me relaxer, je ne sais pas si je vais y arriver mais je vais essayer...

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  2. Eric,
    Distortion tout est dans ce mot. C'est clair qu'on ne le contrôle pa saisément. Est ce que ce qui est tordu peut être redressé ? Franchement je ne sais pas. Le roseau plie mais ne rompt pas.
    @+

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    1. Ce qui est tordu peut être redressé, s'il reste un tant soit peu de conscience à la personne, et de volonté de faire mieux.
      On peut se redresser des pires situations, oui, je le crois.
      C'est claire : "soyons roseaux"
      A + Thierry

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