La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

lundi 30 octobre 2017

Écouter, se dire, voyager

En com, sous un clip-vidéo musical, ambiance flamenco-oriental,
Tmor a écrit « (…) écouter pour voyager ».


La musique, écoutée, permet effectivement à l’esprit de voyager ;
enfin, certaine musique de qualité (selon les critères de chacun).

De manière générale,
l’écoute est fonction du savoir-être,
et demande de l’habileté, un savoir-faire.

D’écouter paraît évident.
Il n’en est rien.
Notre façon d’écouter est aussi mécanique que notre façon de penser,
et autant partielle que notre manière de voir le monde.

Ce sont les choses qui nous paraissent le plus évident
que l’on explore et étudie le moins.


Dans le cadre des relations entre humains,
écouter quelqu’un, vraiment, avec attention,
permet également de voyager.
Je m’explique :
une écoute profonde permet un rapprochement avec la personne émettrice,
grâce à l’empathie, ce qui équivaut à se placer à côté d’elle et à ressentir comme elle.
Voyager à travers les regard et sentiment de l’autre.

Bien-sûr,
tout dépend de ce que la personne a besoin de dire, raconter.
Répéter des faits, un événement, X fois par jour,
à toute personne rencontrée, téléphonée, etc.,
n’est pas constructif. C’est comme ressasser.
Ce type d’interaction se révèle souvent à sens unique.

Durant une interaction, on est au moins deux.
Qualité d’expression et qualité d’écoute sont interdépendants.

Une qualité d’écoute encourage l’émetteur à parler,
à se révéler en partie,
un peu comme s’il se dénudait (symboliquement).

On ressent, reconnaît, la qualité de l’émission (de l’expression)
lorsque la personne en vient à parler sans autocensure
et commence à baisser, un peu, son masque,
en exprimant ses sentiments sans détour.
L’écoutant attentif ressent cela (les mécanismes de défense qui baissent la garde),
ce qui le mobilise en conséquence et le stimule
– ouverture-réceptivité et création d’un espace commun de rencontre, d’échange.


Plus l’émetteur se sent écouté, plus il prend confiance, se lâche,
et plus il devient, lui-même, réceptif à ce que lui renverra le récepteur.

Écouter ne limite pas à rester passif, durant une interaction.
En fait, c’est un peu comme le jeu du ping-pong :
l’un a besoin de se dire, un autre écoute ; puis,
en sentant le moment approprié,
l’écoutant renvoie son point de vue,
ou ce qu’il comprend ou son ressenti ou une idée,
ce qui amène le récepteur à écouter à son tour.

Autrement,
sans une écoute réciproque,
la relation se déroule à sens unique,
l’un épuisant l’autre.


Dans une conjoncture d’écoute réciproque,
chacun sent un lien se former, chaleureux,
permettant à quelque chose de vibrant de passer de l’un à l’autre.
Et alors, on éprouve les bienfaits de se comprendre un tant soit peu.

De bénéficier de l’attention d’une personne à l’écoute
vaut plusieurs séances de psychothérapie.
De se dire à quelqu’un, ne serait-ce qu’un tout petit peu,
est cathartique ou, pour le moins, instructif (connaissance de soi).


Apprendre à écouter ?
Prendre de nouvelles habitudes,
notamment en s’efforçant à une attention double :
une part tournée vers l’intérieur de soi-même,
alors que l’autre part de l’attention se focalise sur la personne.
Afin d’y parvenir,
détourner son attention de ses pensées propres (bavardage intérieur),
ainsi que de ses soucis, croyances, opinions et certitudes ;
faire le vide, respirer profondément
et, en quelque sorte, se laisser connecter à l’autre,
en évitant de se comparer ou de s’identifier,
et en prenant de la distance affective,
surtout si c’est une personne proche (ami, famille, etc.)

Attention double :
- s’écouter, en prêtant attention à ses sensations,
émotions et aux pensées qui surgissent (associées à l’interaction),
- tout en prêtant attention à ce qu’exprime l’autre,
tant verbalement que par son corps, ses mimiques, sa gestuelle, son ton, etc.

Laisser agir…
Le lien, le pont, se construit "tout seul", grâce aux deux êtres qui s’accordent.

Écouter quelqu’un tout en écoutant son propre ressenti,
c’est découvrir le monde à travers la sensibilité et la logique de cette personne.
Voyage dans l’inconnu, la différence, une autre perception du monde.

Plaisir et mieux-être, bien-être, garantis, pour chaque partie.

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13 commentaires:

  1. Eric,
    Intéressant ce que tu dis. J'ai l'impression de ne parler que de cela parfois. Pas d'écoute, être à l'écoute de l'enfant, sur le plateau, au téléphone, changer les piles de l'appareil, changer les auto-programmes dans la tête, inviter l'empathie dans l'écoute même si parfois les circonstances ne facilitent pas les choses, alors le prendre le temps...
    Merci de nous inviter à le prendre ce temps, pour réfléchir.
    Thierry

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    1. Lol, pas trop de programmes, même si perso !
      :))
      Prends le temps, Thierry, autant que se peut, pour être avec ton enfant.
      Ils ont tant à nous apprendre, les enfants, encore connectés avec le Réel (brut) et aussi, avec le Mystère (irrationnel et magique)...
      A +

      Je précise (pour tous, et pour éviter des malentendus) :
      un enfant a besoin d'un cadre, de règles, d'être éduqué, etc.,
      ce qui lui sert notamment à apprendre
      et à se positionner au sein de la famille.
      Néanmoins, une autorité peut rester à l'écoute, ce qui lui permet
      de maintenir le cadre avec justesse, sensibilité, et de façon souple...

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    2. Thierry, j'ai zappé le plus important !
      Merci de m'avoir inspiré,
      ce propos découlant de ton "écouter pour voyager",
      mon muse du jour :o
      :))

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  2. Je crois que le développement de ce type d'écoute dans notre société faciliterait l'instauration d'un climat de confiance, aiderait à désamorcer les conflits du quotidien et contribuerait à pacifier les relations humaines.

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    1. Rien à ajouter (j'aime beaucoup ce que tu as écrit),
      merci Elfine.

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  3. C'est exactement ce que je fais ici, même si on ne se parle pas de vive voix ! ;)
    Je te lis, je t'écoute, je me transforme, je change et je voyage au fil de tes écrits et de mes sensations.

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    1. Touché _/\_

      Bien vu Vi, dans la blogosphère aussi (étonnamment) nous pouvons nous écouter.

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    2. J'ai trouvé bien plus d'écoute et de conseils avisés dans la blogosphère que dans la vraie vie ! ;)

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  4. je ne me pose pas ces questions là. C'est l'envie du moment et surtout des musiques que je connais déjà et qui datent. Nostalgie peut-être. Quant aux autres écoutes, il faut bien sûr déplier ses antennes

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    1. Concernant la musique, en ce moment, ça plafonne (je trouve).

      "Déplier ses antennes", c'est ça, antennes extérieures et intérieures.

      Bon soir les Caphys

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  5. Notre civilisation saturée de messages souvent futiles, d'informations ressassées,d'échanges de plus en plus virtuels et superficiels, ne se prête pas souvent à un approfondissement de la parole donnée et reçue.

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    1. "la parole donnée et reçue".
      Merci Loqman, reçu 5/5

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