La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

vendredi 23 février 2018

Défense psy contre les chocs (G XVIII)

Dans cette rubrique paraît une série d’articles portant sur la connaissance de soi,
articles se composant d’extraits de l’enseignement de G. I. Gurdjieff,
selon les notes prises par P. D. Ouspensky, l’un de ses élèves.
G. I. Gurdjieff tenait sa connaissance de la « tradition ancienne ».

Ma motivation : se désenvoûter (un max. d'entre nous).
 
Soyez votre propre flambeau et votre propre recours.
– Sagesse orientale
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Rappel, résumé

Nous avons vu que l’enfant humain grandit en imitant et en s’identifiant.
L’humain s’identifie à des personnages et aussi,
à tout, des choses, des idées, et même à des discours !
À partir des diverses identifications, négatives comme positives,
nous considérons intérieurement le monde, les autres, la politique,
la religion, les informations médiatisées, le sport, la météo, etc.
Sentiment d’importance de son image, de sa personnalité,
de son opinion, de sa fonction au travail, etc.

De la sorte et par conséquent,
nous avons développé un faux-moi,
et cultivons une fausse image de soi, des autres,
ainsi que de fausses opinions sur le monde.

Convaincus de notre intelligence et savoir-faire,
nous ne cessons de nous activer.
Faire pour faire.
Il n’y a qu’à le constater, par exemple, avec la frénésie constructive
détruisant l’environnement naturel et nourricier.

G. I. Gurdjieff revient sur le sujet du « faire »,
plus précisément sur notre illusion de faire de grandes choses :
Vous pensez souvent d’une façon très naïve.
Vous croyez déjà pouvoir "faire".
Et il est vrai que se débarrasser de cette conviction
est la chose du monde la plus difficile.
 
Vous ne comprenez pas toute la complexité de votre structure intérieure,
vous ne vous rendez pas compte que chaque effort,
en plus des résultats souhaités – à supposer qu’il les donne –
produit des milliers de résultats inattendus,
souvent indésirables.
 
Enfin vous oubliez constamment (c’est même là votre erreur la plus grave)
que vous ne commencez pas par le commencement,
avec une belle machine toute propre et toute neuve.
Il y a derrière chacun de vous des années de vie fausse ou stupide.
Toujours vous cédiez à vos faiblesses,
toujours vos fermiez les yeux sur vos erreurs,
essayant d’éviter toutes les vérités désagréables…

* * *

G. I. Gurdjieff aborde maintenant un nouveau sujet : « les tampons ».
Ce thème complexe est important pour la connaissance de soi.


La mise en place de tampons est automatique (cela se fait tout seul, inconsciemment,
question de survie psychique) et nous permet de fonctionner tant bien que mal.
Les « tampons » sont, agissent, tels des sortes de mécanismes de défense psychiques.
G.I. Gurdjieff, pour les expliquer, utilise une métaphore :
Chacun sait ce que sont les tampons des wagons de chemin de fer :
des appareils amortisseurs de chocs.
En l’absence de ces tampons, les moindres chocs d’un wagon contre un autre
pourraient être très désagréables et dangereux.
Les tampons atténuent les effets de ces chocs et les rendent imperceptibles.
Des dispositifs exactement analogues existent dans l’homme.
Ils ne sont pas créés par la nature, mais par l’homme lui-même,
bien que de façon involontaire.
A leur origine se trouvent les multiples contradictions de ses opinions,
de ses sentiments, de ses sympathies, de ce qu’il dit, de ce qu’il fait.
(…)
Nous ne savons pas voir combien les différents "moi"
qui composent notre personnalité sont contradictoires
et hostiles les uns aux autres.
(…)
L’homme ne peut pas détruire ses contradictions.
Mais il cesse de les sentir quand les tampons apparaissent en lui
.
(…)
Les "tampons" se forment par degrés, lentement.
Un très grand nombre sont créés artificiellement par l’ "éducation".
D’autres doivent leur existence à l’influence hypnotique de toute la vie environnante.
L’homme est entouré de gens qui parlent, pensent, sentent,
vivent par l’intermédiaire de leurs "tampons".
Les imitant dans leurs opinions, leurs actions et leurs paroles,
il crée involontairement en lui-même des "tampons" analogues,
qui lui rendent la vie plus facile. Car il est très dur de vivre sans "tampons".
Mais ceux-ci empêchent toute possibilité de développement intérieur
,
parce qu’ils sont faits pour amortir les chocs ;
or les chocs, et eux seuls,
peuvent tirer l’homme de l’état dans lequel il vit, c’est-à-dire l’éveiller.
Les "tampons" bercent le sommeil de l’homme,
ils lui donnent l’agréable et paisible sensation que tout ira bien,
que les contradictions n’existent pas, et qu’il peut dormir en paix.
« Les "tampons" sont des dispositifs qui permettent
à l’homme d’avoir toujours raison » ;
ils l’empêchent de sentir sa conscience.

Commentaire :
le dernier paragraphe explique bien des choses abordées dans ce blog,
notamment le fait que certaines personnes ne remettent en question
ni leurs actes ni elles-mêmes, leurs responsabilité, erreur et limites.
Ces personnes semblent dépourvues d’âme, de sensibilité et de morale.

Les politiciens, par exemple, doivent maintenir de sacrés tampons !


‒ À suivre (avec le sujet des « tampons »)…

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* Faire enfer
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2 commentaires:

  1. Eric,
    Distancier proposait Brecht por sortir dl'identification...
    Thierry

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    Réponses
    1. ça donne envie de s'intéresser à cet auteur,
      je n'en connais que qqes citations.
      Salut Thierry

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