La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

vendredi 16 mars 2018

Le dictat-heur

Ce texte est tiré du film « le Dictateur », 1940.
Un visionnaire, Charlie Chaplin.


Mode d'être en relation encouragée par les gouvernements


À quoi faut-il renoncer M. Chaplin ?
Espoir...
Je suis désolé, mais je ne veux pas être empereur, ce n'est pas mon affaire.
Je ne veux ni conquérir, ni diriger personne.

Selon Charlie Chaplin, ce que les humains pourraient, devraient être, devenir,
reste en état latent au plus profond de chacun, et ils oublient l’important :
Je voudrais aider tout le monde dans la mesure du possible,
juifs, chrétiens, païens, blancs et noirs.
Nous voudrions tous nous aider si nous le pouvions,
les êtres humains sont ainsi faits.
Nous voulons donner le bonheur à notre prochain,
pas lui donner le malheur.

Nous ne voulons pas haïr ni humilier personne.
Chacun de nous a sa place
et notre terre est bien assez riche,
elle peut nourrir tous les êtres humains.
Nous pouvons tous avoir une vie belle et libre
mais nous l'avons oublié.

Bientôt 80 ans que Charlot a écrit ce discours et, constat :
nous en sommes au même point !
Nous n’avançons pas.
Pour le moins, nous stagnons. C’est un fait.

Mais alors, qu’est-ce qui ne va pas, encore de nos jours,
80 ans après votre film, M. Chaplin ?
L'envie a empoisonné l'esprit des hommes,
a barricadé le monde avec la haine,
nous a fait sombrer dans la misère et les effusions de sang.
Nous avons développé la vitesse pour nous enfermer en nous-mêmes.
Les machines qui nous apportent l'abondance nous laissent dans l'insatisfaction.
Notre savoir nous a fait devenir cyniques.
Nous sommes inhumains à force d'intelligence,
nous pensons beaucoup trop et nous ne ressentons pas assez.
Nous sommes trop mécanisés et nous manquons d'humanité.
Nous sommes trop cultivés et nous manquons de tendresse et de gentillesse.
Sans ces qualités humaines, la vie n'est plus que violence
et tout est perdu.


Les avions, la radio nous ont rapprochés les uns des autres,
ces inventions ne trouveront leur vrai sens que dans la bonté de l'être humain,
que dans la fraternité, l'amitié et l'unité de tous les hommes.
En ce moment même, ma voix atteint des millions de gens à travers le monde,
des millions d'hommes, de femmes, d'enfants désespérés,
victimes d'un système qui torture les faibles et emprisonne des innocents.

Une question de pouvoir, selon Charlot, ou plutôt de la répartition des pouvoirs :
Je dis à tous ceux qui m'entendent :
Ne désespérez pas !
Le malheur qui est sur nous n'est que le produit éphémère de l'habilité,
de l'amertume de ceux qui ont peur des progrès qu'accomplit l'Humanité.
Mais la haine finira par disparaître et les dictateurs mourront,
et le pouvoir qu'ils avaient pris aux peuples va retourner aux peuples.
Et tant que des hommes mourront pour elle, la liberté ne pourra pas périr.

Un message aux soldats (écrit au début de la seconde guerre mondiale),
auxquels, actuellement, on peut ajouter les gendarmes, policiers,
CRS, agents de renseignements et autres fonctionnaires :
Soldats, ne vous donnez pas à ces brutes,
à une minorité qui vous méprise et qui fait de vous des esclaves,
enrégimente toute votre vie
et qui vous dit tout ce qu'il faut faire et ce qu'il faut penser,
qui vous dirige, vous manœuvre,
se sert de vous comme chair à canons
et qui vous traite comme du bétail.



C. Chaplin, comme G. I. Gurdjieff, évoque la part mécanique de l’humain,
part sur-employée, survalorisée, au détriment de l’être,
et au détriment de la qualité de vie :
Ne donnez pas votre vie à ces êtres inhumains,
ces hommes-machines
avec une machine à la place de la tête
et une machine dans le cœur.
Vous n'êtes pas des machines !
Vous n'êtes pas des esclaves !
Vous êtes des hommes,
des hommes avec tout l'amour du monde dans le cœur.
Vous n'avez pas de haine,
sinon pour ce qui est inhumain, ce qui n'est pas fait d'amour.
Soldats ne vous battez pas pour l'esclavage mais pour la liberté.
Il est écrit dans l'Evangile selon Saint Luc "Le Royaume de Dieu est dans l'être humain",
pas dans un seul humain ni dans un groupe humain, mais dans tous les humains,
mais en vous, en vous le peuple qui avez le pouvoir :
le pouvoir de créer les machines, le pouvoir de créer le bonheur.
Vous, le peuple, vous avez le pouvoir :
le pouvoir de rendre la vie belle et libre,
le pouvoir de faire de cette vie une merveilleuse aventure.

Sans lutter, on n’obtient rien.
Lutter pour reprendre du pouvoir.

La première lutte à mener est personnelle :
elle est dirigée contre sa propre « envie » (d’avoir, de paraître…)
et contre sa propension au confort et à la facilité de se conformer.

Dans le monde, lutter contre ceux qui empêchent les élans du vivant,
contre ceux qui n’ont comme intention que de s’enrichir d’or,
et de rendre docile autrui, malléable, esclave de leurs caprices.

Enfin, plutôt que de lutter, on peut toujours organiser des blablas-party
(assemblées, réunions, colloques, salons des abus, etc.)

Sur ce sujet, C. Chaplin poursuit :
Alors au nom même de la Démocratie, utilisons ce pouvoir.
Il faut tous nous unir,
il faut tous nous battre pour un monde nouveau,
un monde humain qui donnera à chacun l'occasion de travailler,
qui apportera un avenir à la jeunesse et à la vieillesse la sécurité.
Ces brutes vous ont promis toutes ces choses pour que vous leur donniez le pouvoir :
ils mentaient.
Ils n'ont pas tenu leurs merveilleuses promesses : jamais ils ne le feront.
Les dictateurs s'affranchissent en prenant le pouvoir
mais ils font un esclave du peuple.
Alors, il faut nous battre pour accomplir toutes leurs promesses.
Il faut nous battre pour libérer le monde,
pour renverser les frontières et les barrières raciales,
pour en finir avec l'avidité, avec la haine et l'intolérance.
Il faut nous battre pour construire un monde de raison,
un monde où la science et le progrès mèneront tous les hommes vers le bonheur.
Soldats, au nom de la Démocratie, unissons-nous tous !

L'orientation de chacun, ce que devrait encourager le système :
Hannah, est-ce que tu m'entends ?
Où que tu sois, lève les yeux ! Lève les yeux, Hannah !
Les nuages se dissipent ! Le soleil perce !
Nous émergeons des ténèbres pour trouver la lumière !
Nous pénétrons dans un monde nouveau, un monde meilleur,
où les hommes domineront leur cupidité, leur haine et leur brutalité.
Lève les yeux, Hannah !
L'âme de l'homme a reçu des ailes et enfin elle commence à voler.
Elle vole vers l'arc-en-ciel, vers la lumière de l'espoir.
Lève les yeux, Hannah ! Lève les yeux !

 

8 commentaires:

  1. Eric,
    C'est en chacun de nous quelque part, la preuve.
    bel article.
    Thierry

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    1. :), oui (c'est en chacun de nous).
      Va falloir entreprendre des travaux d'excavation.
      Bon jour Thierry

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  2. Merci ! merci de publier ce discours incroyable de sensibilité, de ressentis.
    Étrangement, je pense à l'inspecteur qui va venir m'évaluer bientôt, c'est un homme machine, il ne ressent rien, il juge, il faut appliquer ses désirs à la lettre, il nous flique et comble de tout, lundi dernier il nous explique que lui-même, ne voyait plus l'intérêt d'être prof d'histoire géographie quand après 17 ans de carrière il avait déjà pratiquement atteint la note administrative maximale, c'est donc pour cela qu'il est devenu inspecteur ! Voilà, il n'était pas prof pour les élèves, pour le métier, non, il était prof pour la note, je sais vraiment maintenant que nous n'avons rien en commun, lui et moi ! Encore une machine qui accomplit bêtement les choses, qui ne ressent rien, ne comprend rien et qui aime faire souffrir les autres.Heureusement qu'il n'a pas plus de pouvoir que ça !

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    1. (C'est déjà excessif, le pouvoir que ce système lui donne...)
      Passer sa vie d'adulte à rêver de monter des échelons (ou à gagner plein d'argent),
      pour pouvoir, à son tour, commander et/ou juger des subalternes.

      Des notes, comme à l'école. L'école des grands humains-machines.
      Il nous faut sortir de la cours de récréation, maintenant.
      Bon courage Vi (sois une bonne machine obéissante, et t'auras une bonne note. Ruse)
      ;))

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    2. Tout va bien, depuis cette année il n'y a plus de note ! Et, ce n'est plus une inspection mais une évaluation ! ( jouons bien sur les mots ! ) Bon, en même temps je ne joue pas ma vie ni ma carrière sur ce coup là ! :lol: ça devrait donc le faire !

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    3. Ah ben oui, avec "évaluation" ça passe mieux, ça fait pro.
      Evaluation "Qualité", bien entendu.
      ;)
      (Dis, Vi, t'as vu en Angleterre, ils ont décerné un prix à la meilleure prof. de l'année !
      Sanction, récompense, le gasoil du système)

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    4. Ah, non, je n'avais pas vu. il y a peu on parlait de noter au mérite les profs. Seulement comment mesurer le mérite ? Est-ce que le prof qui mène sa classe vers de bons résultats alors qu'il travaille dans un bon quartier avec des élèves triés sur le volet mérite plus que celui qui bataille en ZEP à apprendre à lire à ses élèves ???

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    5. Bonne question, Vi (je trouve).

      Un autre angle : est-ce que le prof sera noté selon sa façon d'appliquer
      le règlement et la matière à apprendre, c'est-à-dire de s'en tenir au programme (ce qui sous-entend que sa note sera fonction de son obéissance) ?

      Très subjectif tout cela, bcp trop.
      Sans parler du niveau de médiocrité dans lequel cela nous laisse...

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