La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. La peur tue l'esprit.
J'affronte ma peur. Je lui permets de passer sur moi, au travers de moi.
Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin.
Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi.

mardi 24 janvier 2017

Des monstres

Chronique de bêtes-à-calculs se prenant pour des humains, riches et intelligents.
Affaire familiale insolite, n° : 26'460'611 TTC (Toutes Tares Comprises)
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Imaginons une hyène qui se prendrait pour une lionne,
une femelle sale, grossière, ignare, brutale et cruelle,
néanmoins dotées de formes agréables attirant les mâles en rut.
Et imaginons un gentil petit chacal, complexé par sa taille,
regrettant de ne pas être un grand et beau lion, fort et viril.

Imaginons encore, et cela demande beaucoup d’efforts,
que le chacal ait été présenté à la hyène de jolie apparence.

Le chacal, actif et économe, possède quelques biens dans sa tanière.
L’idée de se marier avec cette hyène bien moulée traverse son cerveau,
en pensant à la jalousie et l’envie qu’il suscitera chez les autres mâles baveux.
Pour parvenir à ses faims de prestige égotique fins,
il distribue quelques biens à la famille de la jeune hyène ;
hyène qui, contre toute attente et contre l’avis de ses proches,
a accepté la demande en mariage du chacal.

Ainsi fut fait, le chacal maria la hyène.

Ce qui devait arriver se produisit, un bébé naquit,
moitié hyène-moitié chacal.

La hyène-mère, toujours en colère dans sa tanière,
enragea d’avoir à se donner d’elle-même au petit,
mais face au contentement de leurs deux familles,
réjouies de la venue du beau bébé mâle chayen,
elle se résolut mal gré à s’en occuper, au strict minimum.

La mère hyène ne devint jamais une maman.

La hyène-mère, remise de l’accouchement, les tétines volumineuses,
se rendait compte à quel point son corps attirait les loups.

Le mari chacal était bien trop occupé à entasser des biens.
Le peu de temps passé dans sa tanière à se reposer,
il restait soucieux de ménager sa hyène criarde,
se révélant caractérielle et de plus en plus tyrannique.
Il commençait à regretter cette union décevante.

Qui sait ce qui se passa alors ?
Sinon la hyène perfide.

Comble de malheur, elle porta à nouveau,
ce qui la rendit encore plus furieuse et amère.
Malgré ses tentatives pour faire partir le fœtus,
malgré ses sortilèges et malédictions,
le fœtus s’accrocha et naquit.

L’avantage, dans une histoire racontée,
consiste à y insuffler quelque magie.
Le second enfant se présenta, à la surprise générale,
sous des traits ressemblant à un lionceau !

Rejet du bébé par la hyène-mère.
Elle évoqua la dépression post-partum,
mais en fait
de s’imaginer sa vie de séductrice, pourtant prometteuse,

gâchée par ce non-désiré cherchant à s’accrocher à ses si belles mamelles.

Le bébé lion-chayen fut rejeté par la famille chacal,
qui suspectait la hyène bru d’avoir la cuisse légère.
Les autres restèrent indifférents, à chacun ses problèmes.

L’aîné chayen, chéri-par-la-parole-mais-pas-dans-les-faits,
hérita du caractère de sa hyène de mère,
de sa folie haineuse et ravageuse.
Il se mit à détester son jeune frère.

Et un véritable cauchemar débuta,
pour la hyène-mère avide, cupide, insatiable,
pour le chacal qui ne savait comment calmer sa charogne d’épouse,
et pour le premier chayen imitant fièrement le comportement de sa mère,
en se découvrant, paradoxalement, jaloux de son frérot lion-chayen, le malvenu,
une âme aimante évoluant parmi des charognes insensibles et envieuses.


C’est en enfer que le lion-chayen vint au monde.
C’est en enfer qu’il grandit, tant bien que mal,
sans soutien affectif ni réconfort d’aucune sorte.

Nul ne peut expliquer comment, ni par quel prodige,
il parvint à l’âge adulte contre vents violents et marées imprévues,
certes cabossé par les coups incessants et peiné de ne parvenir à s'identifier,
affectivement handicapé, plutôt chétif physiquement, ses désirs élagués à mesure,

mais le cœur préservé des intentions malveillantes des charognards.

Mais le diable a plus d’un tour dans son sac.

L’enfer n’a pas de limites.


La société, n’est-elle pas, ne fonctionne-t-elle pas, telle une grande famille ?


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